Avis N° 32/2022:Plainte de Aquatech contre Mansour DIOP de DMedia

Le Tribunal des Pairs a examiné en sa séance du 3 novembre 2022, la plainte d’Aquatech
contre Mansour DIOP de DMedia.
Les Faits
Dans sa requête du 21 septembre 2022, le Directeur Général-adjoint d’Aquatech, Ansou
GNABALY, a saisi le Président du CORED d’une plainte pour violation des dispositions du
Code de la Presse.
Ansou GNABALY estime que Mansour DIOP, « journaliste-présentateur-chroniqueur à Sen
Tv et Zik Fm », a porté « de graves accusations non-fondées, non-vérifiées et totalement
fausses » à l’encontre de ladite société dans le journal télévisé en Wolof de 20h de Sen Tv
du 25 août 2022.


Dans sa plainte, il déplore que Mansour DIOP se signale plus souvent par des
commentaires « déplacés et accusateurs » envers Aquatech et ses salariés que par les
faits requis pour un bulletin d’informations, allant jusqu’ à les traiter de « menteurs »
dans l’édition incriminée. Il reproche à Mansour DIOP de « négliger les règles de
vérification, de confrontation, d’objectivité et d’équité, toutes choses qui portent atteinte
à l’image de leur société ». Déplorant, in fine, un conflit d’intérêts. Il souligne aussi que
Mansour DIOP a été le responsable de la communication de la défunte ASUFOR qui gérait
le forage de Tene Toubab en question.


Dans sa réponse, le Rédacteur-en-chef de DMedia, Simon FAYE, a précisé que « Mansour
DIOP, en tant que chroniqueur, commente des faits d’actualité. De ce point de vue, et
selon un principe journalistique, les faits sont sacrés et la rédaction reste sur les faits, mais
le commentaire est libre ». Ayant pris connaissance de la plainte, le concerné lui-même
indique que « Si Aquatech et ses responsables se sentent diffamés, ils peuvent porter
plainte contre lui devant la justice ».

Avis du Tribunal des Pairs
Après analyse des faits, le Tribunal des pairs du CORED rappelle à Mansour DIOP que sur
le plan juridique, le Code de la presse fait force de loi et s’impose à toute la corporation,
et que c’est à ce titre qu’Aquatech a choisi à juste raison de saisir le CORED et son Tribunal
des pairs qui sont tout à fait dans leur rôle.


Sur le plan professionnel, il y a un amalgame qui débouche sur un mélange de genres
rédactionnels que s’autorise la rédaction de DMedia. En effet, si les faits sont sacrés et le
commentaire libre, principe sacro-saint du journalisme, argument du Rédacteur-en-chef,
ce principe ne peut s’exercer que dans le strict respect des genres rédactionnels, première
exigence d’un journal d’informations. Ce qui n’est clairement pas le cas dans le sujet
incriminé. En effet, dans le cas examiné, le visionnage des images montre que le
commentaire ne porte pas sur le sujet diffusé, et va bien au-delà, laissant clairement
apparaître des problèmes antérieurs et plus personnels.


Sur le plan éthique, le Tribunal déplore un conflit d’intérêts entre les deux parties, tel que
cela apparait clairement dans les correspondances.
Il convient de rappeler à l’encadrement éditorial de DMedia qu’un plateau de journal
télévisé n’est pas un lieu pour régler des problèmes personnels. Et la façon dont sont
apostrophés les responsables d’Aquatech sans aucune possibilité de réponse autre que
de recourir à « la justice », qui leur est offerte par le chroniqueur dans sa réponse au
CORED, nous parait aux antipodes des règles d’éthique et de déontologie défendues par
le Code de la presse en son article 99.


Cet article stipule que « Les éditeurs de services diffusent gratuitement, dans leur
prochain programme d’information, dans la prochaine émission de même nature ou dans
un service de médias audiovisuels à la demande équivalent à ceux qui ont porté atteinte
aux intérêts juridiquement protégés des personnes mises en cause, toutes rectifications
qui leur sont adressées par toute personne physique ou morale ainsi que par une autorité
publique (…) Le droit de réponse est diffusé dans les conditions techniques, d’audience et
de durée équivalentes à celles des services de programmes ou des services de médias
audiovisuels à la demande qui l’ont provoqué. Les dispositions du présent article
s’appliquent aux répliques lorsque la réponse est accompagnée de nouveaux
commentaires. Les répliques au droit de réponse peuvent faire l’objet d’une auto-saisine
de l’organe de régulation. »

En outre la Charte des journalistes du Sénégal, en son article 2 dispose de « Respecter la
vérité sans tenir compte d’aucune considération personnelle » ;
L’article 5 de « Ne procéder à aucune altération de l’information, notamment par la
suppression d’éléments essentiels à son équilibre et à son impartialité » ;
L’article 15 d’« Eviter les situations de conflits d’intérêts ou d’apparence de conflits
d’intérêts, en se mettant ou en semblant se mettre, avec ou sans avantages personnels,
au service d’intérêts particuliers ».


Au regard de tout ce qui précède, le Tribunal des pairs du CORED estime que la réponse
fournie par DMedia à la saisine du CORED ne traduit pas les efforts qui auraient dû être
consentis à la recherche de l’équilibre de l’information dans le cas d’espèce, même si le
Rédacteur-en-chef affirme que « vérification faite auprès du journaliste (correspondant)
qui avait traité l’information, il s’est avéré qu’il avait bel et bien tenté de faire réagir les
responsables locaux de la société, en vain. Tout de même, sa réaction a été bien prise en
charge ».


Par conséquent, le Tribunal des pairs du CORED inflige un blâme à Mansour DIOP
chroniqueur pour sa conduite à l’antenne et un avertissement au Rédacteur-en-chef
Simon FAYE.

Fait à Dakar, le 3 novembre 2022, le Tribunal des pairs du CORED

Avis N° 32/2022:Plainte de Aquatech contre Mansour DIOP de DMedia
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